27 juin

1984 : Un championnat d’Europe organisé en France : la finale se joue bien évidemment au Parc des Princes puisque le Stade de France n’est pas encore sorti de terre. Et quel Parc ! C’est la première fois que le peuple français voit l’équipe de France en finale d’une grande compétition. A domicile en plus ! Qui l’aurait cru ? Deux ans plutôt, lors de la Coupe du monde en Espagne, les Bleus avaient fini demi-finalistes, sortis par la RFA. Cette fois, les Tricolores sont bien en finale de l’Euro 84 face à l’Espagne. Ils n’ont rien d’autre à se mettre sous la dent si ce n’est que des places d’honneur. Alors, aujourd’hui, on joue avec les tripes, on est chez nous et on va jusqu’au bout !

Les Français ont raison d’y croire. Le parcours exemplaire des hommes de Michel Hidalgo sont dans toutes les mémoires : trois victoires en phase de poules dont un merveilleux 5-0 face aux Belges. Avant la demi-finale stressante face au Portugal (victoire 3-2 des  Bleus), Michel Platini avait déjà inscrit... sept buts dans la compétition. Les plus fantastiques d’entre eux ? Ceux face à la Yougoslavie : impossible d’oublier cette tête plongeante et ce coup franc qui a fait tant vibrer tout le pays. Du côté des Espagnols, même si la joie est au rendez-vous pour cette finale, la sérénité ne l’est pas. En effet, on pourrait dire que c’est presque un miracle que la Roja se soit faufilée en finale de cet Euro (deux matches nuls et une victoire 1-0 face à la RFA en poule et une victoire aux tirs au but lors de la demi-finale face au Danemark).

Pourtant, pendant la première mi-temps, la France a très peu d’occasions et la rencontre fait ressentir une atmosphère plus que tendue. Est-ce le match piège pour les coéquipiers de Platoche ? Ce serait cruel à ce stade de la compétition. Vu le scénario du match, tout Français est prêt à recevoir un coup de pouce du destin. Et ce dernier arrivera à la 57^ème minute alors que les spectateurs du Parc des Princes commencent à être inquiets au vu du score vierge. A l’entrée et au centre de la surface de réparation espagnole, Salva commet une faute sur Bernard Lacombe. Coup franc idéalement bien placé pour le maître en la matière, Platini. Avec huit buts à son actif dans la compétition (le huitième a été inscrit lors de la demi-finale face aux Portugais) le Ballon d’or de cette même année a bien l’intention d’en inscrire un de plus. Le gardien adversaire, Arconada, habituellement rassurant et si sûr de lui, place son mur. Le capitaine des Bleus enveloppe le cuir mais le ballon décolle à peine du sol, vrille un peu et sa puissance est faible. Arconada, qui a parfaitement anticipé le tir du Roi Michel, plonge sur sa gauche et se saisit du ballon. Enfin c’est ce que tout le monde croit... puisque soudainement, le ballon lui glisse sous le ventre jusqu’à finir lentement sa course au fond des filets. Le Parc explose de joie, la délivrance est enfin arrivée ! Cette incroyable boulette permet à l’équipe de France de mener 1-0. Par la suite, le match est électrique : les joueurs de Muñoz se déchaînent, donnent tout ce qu’ils ont. Un des défenseurs français, Yvon Le Roux, au physique de videur de boîte de nuit, prend un carton rouge. A cet instant précis, l’Hexagone s’arrête de vivre. Tout le monde craint la suite. Oh non, ça ne va pas recommencer ? Pas aujourd’hui, pas à domicile ! Pas le retour de la poisse ! Et bien non ! Au contraire, à la 90^ème minute Jeannot réalise une merveille de passe à Lucky Luke Bruno Bellone qui enfonce définitivement l’Espagne dans le dépit avec cet amour de pichenette, lobant le malheureux gardien de but. L’Espagne pleure de tristesse, la France de joie. Les Bleus remportent leur premier titre international (et pas le dernier !) et Michel Platini termine meilleur buteur de l’Euro (9 buts).  Une sale soirée pour Arconada qui se fera connaître au grand public à cause d’une bourde et l’expression « Faire une Arconada » sera employée dès qu’un portier commettra une grossière erreur.